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Photo du rédacteurOlivier Bodenmann

OFEV, METAS, ICNIRP : nouvelles limites et calculs d'irradiation


L'Office Fédéral de l'Environnement (OFEV) a dans son récent rapport énuméré plusieurs options concernant de possibles façon de revoir à la hausse ou à la baisse les normes actuelles d'irradiation.

Sur les 5 options, une seule (la numéro 2) permettrait de baisser l'irradiation, c'est celle demandée par les médecins. Pour les autres, c'est soit le statu quo (option 1) ou une hausse de l'irradiation. Attention, car cette hausse peut être camouflée, comme avec l'option n°3, qui uniformise à 6V/m la valeur d'irradiation, mais avec une moyenne sur 24h des valeurs efficaces, moyenne divisée encore par un facteur de 2.5.

Le Département de Métrologie de la Confédération (METAS, www.metas.ch) a publié un rapport sur la façon de faire des mesures d'antennes adaptatives 5G, mais ce rapport n'est pas utilisable tel quel car certains paramètres de calcul ne sont pas fixés et devront l'être ultérieurement. La méthode préconisée est de plus sujette à caution, car elle ne repose pas sur des bases reconnues au niveau international. Elle peut conduire à une sous-évaluation des rayonnements réels, particulièrement des valeurs crête.

En effet, la puissance des faisceaux directifs du «beamforming» des antennes adaptatives pourra être individuellement ajustée de façon à produire 6V/m au niveau de l’utilisateur, ce qui n’est pas du tout le cas à l’heure actuelle, on n’a de telles valeurs que dans les LUS (lieux d’utilisation sensible) les plus proches d’une antenne, et beaucoup moins lorsqu’on s’en éloigne. Globalement cela correspond donc à une augmentation de l’irradiation de la population puisque nous serons irradiés au maximum possible. De plus, cette valeur maximum de 6V/m sera assurée sur la base d’un calcul moyenné sur 24h, avec un facteur de réduction supplémentaire, ainsi que mentionné plus haut, ce qui augmente encore la valeur globale d’irradiation.

Il est également à craindre que les émissions des antennes 5G dites "adaptatives" ne soient aussi moyennées spatialement, c'est-à-dire qu'on prenne les contributions (élevées!) des faisceaux "actifs" qui desservent les utilisateurs dans le rayon d'action de l'antenne et qui leur assurent les 6V/m à l'endroit où ils sont, mais qu'on divise ensuite ces valeurs par la surface totale sur laquelle les faisceaux pourraient être dirigés. On arrivera bien évidemment à quelque chose d'assez faible, même avec des intensités fortes dans les faisceaux.

L'"International Commission for Non-Ionizing Radiation Protection" (ICNIRP) vient de publier une mise à jour des valeurs admissibles d'irradiation. Elle persiste cependant à ne pas prendre en compte tout effet autre que l'échauffement (effet thermique), et ce durant un temps très limité (6 à 30 minutes). Aucun effet à moyen et long terme n'est pris en compte.

Les valeurs recommandées par l’ICNIRP comme maximales sont démentiellement élevées (388V/m comme seuil d’effet sur la santé, 275V/m pour les travailleurs, et 123V/m pour le public) en comparaison des valeurs recommandées par le Conseil de l’Europe dans sa Résolution n°1815 : 0.2V/m, et plus encore en prenant en considération les recommandations de Bioinitiative 2012 et l’Académie Européenne de Médecine Environnementale (EUROPAEM) : 0.04V/m.

De plus, les valeurs limite d’échauffement ont été augmentées par rapport à l’ancienne version de la norme, à savoir que dès maintenant on tolérera jusqu’à 5°C d’augmentation de température des tissus (peau, cornée de l’œil…). Ceci est visiblement prévu pour le passage à la 5G millimétrique, qui provoquera un échauffement important à la surface du corps. On voit bien ici que la préoccupation de base de l’ICNIRP est de faciliter le déploiement des technologies comme la 5G plutôt que de considérer comme prioritaire la santé de la population qui sera exposée. Il est important de prendre en compte que l’ICNIRP n’est pas un organisme semblable à l’OMS ou tout autre organisme inter-étatique, mais un rassemblement de personnes ayant le plus souvent des accointances avérées avec l’industrie des télécommunications. Leur avis est donc entaché de partialité, et le fait qu’ils ne tiennent aucun compte des avis de plus de 200 scientifiques internationaux en est la preuve.

La récente lettre du Pr. Hardell au Conseil Fédéral concernant Martin Röösli, lettre contresignée par 22 autres scientifiques, met clairement en cause cette problématique.

Malheureusement l’OMS prend jusqu’ici à la lettre les recommandations de l’ICNIRP pour établir ses standards internationaux, mettant ainsi en danger les populations. Fort heureusement, jusqu’à présent les valeurs d’irradiation réelles sont très en-dessous des recommandations de l’ICNIRP, mais cela pourrait drastiquement changer avec l’avènement de la 5G. Ceci d’autant plus que la méthode de mesure pour les antennes dites « adaptatives » autorise des dépassements qui peuvent être énormes en termes de valeur instantanée d’irradiation, par des moyennes temporelles sur 24h et des moyennes spatiales des émissions.

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